top of page

UN PEU DE MON HISTOIRE, DE 0 À 10 ANS

Dernière mise à jour : 20 mars

Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de quelque chose qui me tient particulièrement à cœur, vous partager un peu de mon parcours de vie. Et par la suite, de comment j'en suis venu à accompagner d'autres personnes. Pour cela je pense qu'il est nécessaire de découvrir un peu de mon passé !

C'est un parcours qui démarre peu après ma naissance, en juillet de 1977 à Lisbonne. En effet, très vite j'ai rencontré mes premiers défis pour m'adapter à ce monde. Une bronchiolite aigue, plusieurs semaines d'hôpital, isolé avec une assistance respiratoire, et avec tous les désagréments qui vont avec, pour ma famille et moi. J'ai failli y laisser ma vie...


Cela a continué pendant plusieurs mois avec d'autres maladies. Vers mes 3 ans, pour me faire respirer un air plus pur, mes parents décident de quitter Lisbonne et retournent vivre en campagne, d'où ils étaient originaires et nous sommes allées habiter avec mes grands-parents maternels.


Mon père a retrouvé un emploi dans son métier d'électricien pour autos et ma mère qui était gardienne d'immeuble et travaillait dans une boutique de vaisselle de prestige, s'est employée à aider ses parents et à s'occuper de moi.


Une petite maison ancienne, avec une cheminée haute dans la cuisine, servant de lieu pour se réchauffer, faire à manger et on m'y faisait prendre le bain en hiver, dans une bassine. Nous étions entourés de champs cultivés, de vignes, d'oliviers et de forêts, dans un hameau loin des grandes villes. On y cultivait des légumes, arbres fruitiers, on faisait notre propre huile d'olive et du vin, on élevait des animaux pour notre consommation.


Beaucoup de travail était nécessaire pour maintenir tout cela et tous s'y employaient. De plus ma grand-mère était malade et a du être alitée, ayant besoin de mon grand-père et de ma mère pour s'occuper d'elle. Son état de santé, a empêché que nous ayons plus de contact, je ne pouvais la voir que très peu de fois et toujours avec quelqu'un. Malgré cela, je ressentais un autre type de lien avec elle, comme si je pouvais entendre ce qu'elle n'arrivait pas à me communiquer verbalement.


Dans le milieu où nous vivions, il n'était pas bienvenu de parler de ces choses là. La religion catholique, était très présente autour de nous, et conditionnait passablement ce qui pouvait être dit, fait ou ressenti. Très vite j'ai compris qu'il y avait de choses que tout le monde ne pouvait concevoir ou entendre. Et qu'il était préférable de suivre la norme imposée par la plupart des gens. Pour autant, cela ne m'a pas empêché de vivre en parallèle, dans mon monde, mais je le gardais pour moi, je n'en parlais plus autour de moi.

Avec ma compréhension d'aujourd'hui, je sais que ce fut une protection inconsciente que je me suis installée, par crainte d'être puni ou d'être simplement pris pour un enfant ayant des problèmes psychologiques.

Mon exploration, plus consciente, du monde qui nous entoure a commencé là. Tout était nouveau pour moi et chaque jour j'explorais davantage ce que la vie m'offrait. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de tout cela, mais je me souviens que je passais la majorité de mon temps dehors avec ma mère. Je l'accompagnais dans les champs ou là où elle devait aller travailler, et tout en restant à la portée de son regard, je m'amusais avec les arbres, les fleurs, les animaux, l'eau, toujours en contact avec ce que je percevais du monde.

 

Un événement marquant arriva, deux décès dans la famille à quelques heures d'intervalle et à quelques jours de mon anniversaire. Les décès de ma grand-mère maternelle, et d'un oncle, le frère de mon père, que je n'ai que peu connu. Celui de ma grand-mère je l'ai ressenti dans mon corps, avec une forte douleur au cœur, je jouais à l'extérieur de la maison, je me suis senti mal et je l'ai entendu m'appeler dans mon esprit. J'ai couru tout ce que je pouvais pour venir voir ce qui se passait, et quand je suis arrivé, son corps n'était plus en vie.


Là encore, un enfant de 6 ans n'est pas censé parler de ces choses avec les adultes, et n'ayant pas l'écoute que j'avais besoin avec les humains qui m'entouraient, je trouvais le moyen de me confier à ceux qui composaient mon monde intérieur. Il y avait surtout mon ange gardien, à qui je m'adressais tous les jours. Ainsi qu'un chat de gouttière, à qui j'avais donné le nom de "Faísca", en français "Étincelle", né dans la maison et que nous avions gardé, c'était mon plus grand copain et mon protecteur. Il me suivait partout, dormait avec moi et me défendait lorsque quelqu'un me criait dessus, où lorsqu'il me sentait en danger !


Le soir je m'endormais en demandant à l'univers, que la paix s'installe dans les cœurs de humains. Je me réveillais souvent la nuit, avec parfois un appel à aller regarder par la fenêtre l'extérieur. J'observais des lampadaires qui s'allumaient et s'éteignaient tout seuls, des points lumineux qui virevoltaient, des sortes de brumes plus opaques qui passaient et faisaient bouger des feuilles de vigne ou des arbres, aussi je sentais des présences dans ma chambre, le bois du plafond et du plancher craquaient par moments et par instants je discernais comme des silhouettes pas très ressemblantes aux humains. De plus, c'était aussi le meilleur moment pour regarder les étoiles dans le ciel par la fenêtre.


À certains endroits du village, c'était impossible pour moi d'y marcher tout seul , tellement une peur m'envahissait en lien avec ce que je percevais. Alors quand je n'avais pas d'autre choix, je courrais à toute allure, pour ne pas y rester trop longtemps. Je percevais quand même ce qui était présent, mais ça durait moins longtemps et j'occupais mon mental à se focaliser sur mes pas, pour ne pas tomber. Du coup, j'avais l'impression que cela me dérangeait moins.


Ce n'était pas toujours une partie de plaisir, mais je savais que quelque chose veillait sur moi et que j'étais en sécurité. Pour autant, je savais aussi qu'il fallait respecter chaque présence, car elle avait sa légitimité à être là. Il était question de maintien de l'équilibre.


Une nuit, il pleuvait beaucoup, j'ai fait un rêve inhabituel, c'était la guerre de partout dans le monde, les humains s'entretuaient, il y avait des morts de partout, le ciel était rouge-orangé avec un soleil bien plus grand que celui que l'on connait, le tonnerre grondait et faisait vibrer le sol, il y avait des explosions, je voyais que mon village était détruit. Je me souviens que cela m'a fortement déstabilisé, tellement j'ai ressenti cela en moi, avec des sensations physiques et émotionnelles. Mais ce qui était encore plus incroyable, c'est que je n'étais pas seul, d'autres enfants étaient avec moi. Et il y avait aussi une présence plus féminine, ayant une luminosité émanant d'elle tellement puissante, que ça devenait difficile de savoir de qui il s'agissait. Elle nous protégeait dans son champ de lumière . (Aujourd'hui, ce rêve est toujours bien présent dans ma conscience et cette présence féminine lumineuse est toujours avec moi et me guide)


J'avais 7 ans et cette nuit-là a été un tournant pour ma vie future, j'ai pris conscience que l'être humain n'est pas toujours amical, bienveillant, ou vrai dans ses propos. Que parfois, au profit de son intérêt personnel, ou en suivant des croyances imposées par d'autres, qu'il peut faire des choses abominables à ses semblables ou d'autres espèces. À partir de là j'ai commencé à prendre des précautions, à prendre conscience que certains humains qui m'entouraient avaient cette volonté de nuire à l'autre et que moi je n'avais pas envie d'en faire partie. Cela me rendait triste de constater que nous n'agissions pas tous dans la même direction, et m'a amené de manière innée, à placer mon monde intérieur à l'abri, quelque part dans mon inconscient.


Il est fort probable que c'était déjà une préparation psychologique à ce qui allait s'en suivre pour moi pour les prochaines années. Pour compléter cette période de ma vie, il y a aussi eu mes débuts à l'école, au catéchisme et le départ de mon père pour la Suisse. Qu'est-ce que j'avais hâte de commencer l'école, d'apprendre de nouvelles choses, faire connaissance avec des enfants d'autres villages.


Car là où je vivais, il n'y avait pas beaucoup d'enfants. Il y avait seulement deux de mes cousins, juste en face de notre maison et ce n'était pas toujours une partie de plaisir de jouer avec eux, l'un d'entre eux, âgé d'un an de plus que moi, avait par moments, l'agressivité et le mensonge facile. Nous étions très différents, mais c'était le seul enfant avec qui je pouvais jouer la plupart du temps. Nous nous sommes retrouvés à un moment dans la même classe, car il avait redoublé une année. Et nous avons continué notre scolarité dans les mêmes classes, jusqu'en dernière année d'école obligatoire. L'autre cousin était déjà adolescent et avait d'autres centres d'intérêt que nous. Mais ça ne le dérangeait pas de se joindre à nous par moments ou de nous faire écouter des musiques de l'époque.


Il y avait aussi les enfants des personnes du village, qui se sont installées à Lisbonne ou dans d'autres pays, et qui venaient parfois passer quelques jours avec leur famille. Certains d'entre eux faisaient partie aussi de notre famille. C'était toujours un événement, plein de joie pour moi, quand d'autres personnes et d'autres enfants arrivaient.


L'école était dans mon imaginaire un endroit magique, j'ai eu des magnifiques enseignantes, certaines un peu strictes, mais elles m'aimaient bien et j'avais des notes qui me permettaient d'être préservé de leurs remarques, ou punitions. J'étais loin de me douter que cela ne serait pas forcément bien vu par mes camarades, qui étaient plus en difficulté, ou qui m'aimaient moins. Comme je me sentais plus à l'aise avec certaines filles de ma classe, j'étais souvent pointé du doigt, moqué et insulté par certains de mes camarades, surtout des garçons, il n'y avait que peu qui jouaient avec moi.


Cela m'a valut quelques frayeurs et la violence n'était pas que verbale, il y avait aussi une volonté de nuire physiquement, pendant les pauses ou sur le chemin du retour. Cela est venu me conforter dans l'idée que j'avais commencé à conscientiser précédemment, concernant les interactions entre humains. J'ai appris à composer avec, et ce n'était pas toujours à mon avantage. Je ne savais pas bien me défendre et je ne voyais par l'intérêt de devoir me justifier dans ce que je faisais ou dans qui j'étais, car finalement cela ne regardait que moi !

 

Puis est arrivé le jour du départ de mon père pour la Suisse. Il est parti avec l'objectif d'améliorer notre condition de vie. Dans les années 80, au Portugal l'emploi était difficile à trouver, avec de mauvaises conditions et pas très bien rémunéré. Et il ne faut pas oublier que le pays sortait d'une dictature ayant duré 48 ans, de 1926 à 1974.


Il avait obtenu un emploi de saisonnier par le biais d'une de ses connaissances, et je n'allais pas le revoir avant plusieurs mois. Cette coupure, fut très difficile à comprendre pour moi. Mais finalement, je me suis fait une raison avec le peu d'explications reçues et pendant cinq ans, de mes 6 ans à mes 11ans, il venait nous voir en été et en hiver, pour passer quelques mois avec nous. Il fallait que tout soit prêt à son arrivée, pour qu'il ait le moins à faire possible, afin de le préserver. Je me réjouissais beaucoup de son arrivée, pour le revoir, et car il nous amenait du chocolat Suisse.


Entre deux venues, il restait les lettres, d'ailleurs c'était souvent une lettre destinée à ma maman avec quelques mots pour la famille et moi. Et le téléphone, qui à cette époque, peu de personnes en avaient. Nous profitions lorsque nous devions aller faire des courses en tracteur, s'il vous plaît, pour lui téléphoner. Cela coutait très cher les appels, et nous devions toujours faire attention au temps de discussion. Nous parlions uniquement de ce qui était nécessaire !


Au fil du temps, un éloignement s'est installé entre nous, et je pense que nous ne l'avons pas vu venir. Je ne retrouvais pas le père que j'avais connu! Lui aussi changeait, je ressentais que la vie n'était pas facile pour lui dans ce nouveau pays, même s'il ne fallait pas aborder le sujet car il se mettait en colère. Une bonne partie de ce qui allait suivre de notre relation pendant mon adolescence, a démarré à ce moment-là. Il était devenu très strict et exigeant avec nous, cependant c'était quelqu'un de généreux et chaleureux avec les autres personnes.


La distance existait aussi dans la relation de mes parents. Les disputes, les menaces verbales et physiques étaient de plus en plus présentes. Les incompréhensions mutuelles étaient évidentes, et il n'y avait pas souvent de possibilité de dialogue, ou uniquement dans le sens qui lui convenait, ainsi parfois nous évitions de le contrarier.

 

Au catéchisme, l'histoire se répétait parfois, car c'était les mêmes enfants. Ce qui me marquait le plus, c'est que nous n'avions pas la place pour nous exprimer. Les choses devaient se faire comme on nous le disait et pas autrement. Une sorte de pourvoir absolu sur notre manière de penser et de faire les choses.


Pour la petite histoire, je devais avoir 10 ans, et un dimanche j'ai eu la "mauvaise" idée lors d'une lecture et interprétation du nouveau testament, nous préparant à la première communion, de poser des questions qui ont été reçues comme, dérangeantes.


"Si le Dieu que vous parlez est présent en chacun de nous, comment se fait-t-il qu'il y ait autant de gens qui font du mal à d'autres, juste parce qu'ils estiment qu'ils ne sont pas comme eux ?", comme je n'ai pas eu de réponse, j'ai continué ma pensée en disant, "Moi je ne peux pas croire qu'un Dieu fait d'amour puisse avoir décidé cela pour nous. Pour moi les mots qui sont écrits ne correspondent pas vraiment à ce qui est dit par Dieu."


Je vous laisse imaginer la réaction de la catéchiste, m'amener une compréhension, non, non. J'ai reçu une jolie claque sur la figure, et elle m'a tiré par l'oreille pour me sortir de la salle, et j'ai eu droit à toute une après-midi de punition et en prière s'il vous plaît. Bien sur, ce jour là, j'ai été la risée de tous, et je ne sais pas ce qu'elle a raconté à ma mère par la suite, mais ma mère n'était pas très contente. Depuis ce jour là, j'ai appris que notre propre vérité n'est pas toujours bonne à entendre par d'autres dans certains contextes.


Une des choses qu'il y avait de bien autant à l'école qu'au catéchisme, c'est que nous partions en excursion une fois par année, et cela m'a permis connaitre des lieux où nous n'avions pas forcément la possibilité d'aller par nous-mêmes.



À suivre....


Si vous avez envie, laissez un commentaire et si cela vous a plu d'en savoir plus sur moi, cliquez sur le cœur en bas à droite. Merci


Bien à vous, Luis


68 vues0 commentaire
bottom of page